Jours 65 et 66 : Lac Louise, AB / Quelque part dans les Rocheuses…

Alors que nous nous apprêtons à repartir du Lac Louise, un ranger s’approche pour pour nous avertir que les conditions météorologiques à quelques kilomètres plus au nord sont très mauvaises : fortes pluies et chutes de neige sur les hauteurs. Il nous conseille de rester sur place une nuit de plus, la journée suivant est supposée être plus clémente. 
Entêtés et ne souhaitant pas perdre une journée complète, nous décidons de ne pas écouter les conseils de l’autochtone. Il ne se passe pas cinq minutes après notre départ qu’il commence à pleuvoir et une épaisse couche de nuages bas obscurcit totalement le paysage. Nous nous trouvons sur l’une des plus belles routes au monde et c’est finalement comme si nous étions sur une route entre Beauvais et Amiens. 
En plus de la pluie, le dénivelé s’accentue et la température diminue à mesure que nous grimpons. Le moral des troupes est au plus bas et les termes « abandon », « j’arrête », « j’en peux plus » sont évoqués. Il est alors nécessaire de s’arrêter et de retrouver l’esprit de groupe que nous avions jusqu’ici. Les plus lents passent devant et les plus rapides les soutiennent. Personne ne quitte les rangs, nous devons avancer ensembles. Les cartes indiquent que nous ne sommes qu’à vingt kilomètres d’une auberge de jeunesse. 
L’orage psychologique passé, nous reprenons notre trajet. Comme si la situation n’était pas assez critique, la pluie se transforme en neige. Non, vous n’êtes pas en train de lire un vieil article d’il y a deux mois par erreur, nous sommes bien en juin. Trempés jusqu’aux os, les pieds frigorifiés et les doigts ayant la sensation d’être coincés dans une porte, nous arrivons finalement à la fameuse auberge. 
Une jeune gérante bénévole nous ouvre mais nous annonce que malheureusement tout est complet. Figés devant la porte de l’établissement, nous grelotons de froid tandis que la neige continue de tomber sur nos casques. Derrière l’aubergiste, un feu de cheminée crépite, des gens jouent de la guitare et savourent un café chaud. Le désarroi qui émane de notre regard à ce moment précis doit probablement valoir tous les discours. L’hôte nous ouvre finalement les portes et offre que nous dormions dans la pièce commune près du foyer… La délivrance. 

le calme après la tempète


Nos habits alignés sur le bord de la cheminée et les pieds en éventail face au brasier, nous passons la soirée dans le refuge. Il n’y a pas de connexion internet, pas de douche, pas de literie, des toilettes sèches… Mais les quatre mûrs, l’eau potable et le feu font de cet endroit une sorte de paradis. Plus tard dans la soirée un autre cycliste est accueilli. Il s’agit d’un hollandais, lui aussi pris dans la tempête. 
Le lendemain matin le ciel est encore très chargé et la pluie continue de tomber. Les prévisions semblent pourtant encourageantes : on annonce apparemment du beau temps en fin d’après-midi. Il est hors de question de partir dans les mêmes conditions que la veille. D’une part ce voyage n’est pas un chemin de croix, nous ne sommes pas là pour nous infliger de telles punitions, et nous ne voulons pas non plus manquer les paysages. Nous décidons donc de nous diriger vers le camping à moins d’un kilomètre de l’auberge et d’y patienter une nuit, quitte à rallonger les journées suivantes. 
La décision adoptée à l’unanimité, nous quittons l’hôtel de fortune et montons le camp au bord de la rivière. Comme prévu par la météo, les rayons du soleil finissent par déchirer le voile nuageux, laissant apparaître les imposants sommets rocheux qui nous encerclent. Nous en profitons pour laver du linge dans la rivière et même faire une petite sieste bercés par le bruit du courant. Plaisirs simples mais si précieux car si fragiles dans cet ouest canadien sauvage. 

soirée au bord du feu sous les étoiles

en échange de la nuit dans le refuge nous avons proposé d’aider aux corvées

lever de lune dans les Rocheuses

plutôt froide…

24h avant nous sourions moins

sieste au bord de la rivière

séance bronzage au lendemain d’une tempète de neige… seulement au Canada

2 réflexions sur “Jours 65 et 66 : Lac Louise, AB / Quelque part dans les Rocheuses…

  1. Comme toujours, c’est un plaisir de vous lire… Ne restez pas à l’Ouest, venez à l’Est, il y a du soleil….

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