Nous laissons derrière nous les sources chaudes de Jackson pour le village de Wisdom où nous aurions déjà dû séjourner la veille. Il n’y a que 25km entre les deux, principalement en descente. Le ciel est dégagé, toutes les conditions semblent réunies pour faire de cette mini étape une promenade de santé.
Une fois de plus le vent de face vient jouer les trouble-fêtes. Ces 18 miles en paraissent en réalité 40 et le bourdonnement incessant du souffle éolien dans nos oreilles se transforme en supplice. Nous n’irons définitivement pas plus loin aujourd’hui, nous resterons sagement à Wisdom.
Tout comme le matin précédant, les conditions météorologiques paraissent optimales à notre réveil. Trahi par le vent la veille, je jette immédiatement mon regard sur un drapeau américain planté dans le jardin d’un des habitants du coin. Miracle, il ne flotte pas ! Pas une minute à perdre, tous en selle ! Profitons que ce cher Éole dorme encore pour se sauver en catimini.

Wisdom, Montana
Le programme du jour: une soixantaine de kilomètres au cours desquels nous passerons par le champ de bataille de Big Hole, le col du vieux Chef Joseph et la descente vers la vallée de la BitterRoot. Cette étape est un tournant dans notre épopée du nord-ouest. C’est une transition entre les décors dignes des meilleurs westerns et l’univers de Jack London, des trappeurs et des coureurs des bois. Les plaines arides remplacées par les lacs et les forêts verdoyantes.
Premier arrêt sur notre route donc : Le champ de bataille de Big Hole. Cette partie du Montana était originellement habitée par la tribu indienne des « Nez Percés ». Un nom donné par les coureurs des bois Canadiens Français qui furent les premiers européens à avoir parcouru les lieux. Pendant près d’un siècle ces trappeurs et les amérindiens ont pacifiquement pratiqué le commerce des fourrures. C’est au milieu du XIXe siècle que les premiers colons s’y installent, après avoir trouvé de l’or dans les rivières environnantes. Les Nez Percés voient alors leurs terres s’amenuiser à mesure que l’avidité des colons croit. Leur territoire réduit à une peau de chagrin, ils se révoltent, donnant lieu à une grande bataille dans les plaines de Big Hole. Vous imaginez l’issue: la cavalerie fédérale écrase l’audace de ces impertinents.
Le lieu est aujourd’hui préservé par le bureau des parcs nationaux et pour la petite anecdote, bien que le terrain soit publique, il est « déconseillé » d’y camper. Tout d’abord car c’est une sépulture pour les 800 guerriers Nez Percés qui y sont tombés, mais également car, aux dires des locaux, il s’y passe des « choses étranges » la nuit. L’endroit serait en effet hanté. Légende pour touristes ou véritable « mystère de l’ouest », nous ne chercherons pas à en connaître le fin mot, le col du vieux Chef Joseph nous attend !
Au fur et à mesure que nous grimpons, la végétation se fait plus dense. Comme je le mentionnais plus haut, les plaines laissent place aux forêts de pins. Nous nous trouvons désormais au cœur d’une forêt profonde où chaque virage pourrait être l’occasion de croiser une meute de loup ou un ours.
Notre recueillement au champ de bataille plus tôt dans la journée semble nous apporter bonne fortune. L’esprit du vieux chef semble enclin à nous laisser passer par dessus son col sans encombre : pas de vent, pas de pluie malgré un ciel couvert et pas de mauvaise rencontre… À part un serpent qui traversera la route devant nous.
Nous gagnons le sommet en milieu d’après-midi et entamons notre descente vers la vallée. 11km avec une pente à 6%, nichés entre deux montagnes, la rivière en contrebas. Le rêve de tout cycliste. Le genre de situation où l’on ne prend même plus le temps de s’arrêter pour photographier le décor pourtant somptueux. Non, ce moment on le savoure entièrement sans en perdre une miette.
Nous nous arrêtons en chemin au bord de la rivière BitterRoot pour y bivouaquer. Nous faisons la rencontre d’Andrew, en route vers le Parc national de Grand Téton. Nous passons la soirée à bavarder le long du cours d’eau. Nous échangeons conseils et des anecdotes. À ce moment là nous ne connaissons même pas son nom et lui ne connaît pas le nôtre… Qu’importe, l’esprit de la roue plane sur la BitterRoot ce soir là. C’est seulement le lendemain avant de repartir que nous réalisons que nous ne nous étions pas présentés.
Prochaine étape: Darby, une petite ville de la vallée, toujours plus au nord.


Merci pour ce petit cours d’histoire !
J’ai appris quelque chose !
Je connaissais Little Bighorn, mais pas Big Hole ( un massacre de plus 😞 )
Paysages toujours aussi grandioses.
Mon seul regret …. j’espérais la photo d’un loup ou d’un ours 😊
Mais je crois que c’est mieux pour vous de ne pas l’avoir 😉….
Bonne route les garçons 👍
Haha oui, on s’en passera. Il y aurait bien eu le serpent, mais trop rapide le bougre.
C’est un vent de farce, en fait.
Haha bien vu…si seulement.
7.241 Ft c’est déjà une belle grimpette !!
Vous avez du courage.. mais que de jolies rencontres, de beaux paysages ! Vous me faites rêver.
Merci pour ces reportages que vous nous faites vivre avec vous !!
Merci pour les encouragements, c’est à ça que nous sommes dopés
Toujours heureux de vous lire!!! Voys semblez garder le moral malgré les éléments naturels… Il faut croire que la beauté des paysages vous donnent l’énergie nécessaire. Quels sont les prochaines étapes?
Les paysages et la variété des rencontres.
Nous approchons tranquillement des lignes de Colombie Britannique. Encore une semaine environ.
A chacune de ces étapes, les cieux me fascinent toujours autant, les paysages sont d’une grande beauté et ta prose toujours aussi agréable à lire…
Des cieux qui nous tombent constamment sur la tête malheureusement 😉
Un col de plus et un » continental divide » de plus. Et voilà, par le miracle de la pente, que les eaux se partagent. Les rivières s’en donnent à coeur joie sur les photos. Reines autant que les sommets dont les neiges les font naître. Ton blog devrait être remboursé par la sécurité sociale, pour tous les désespérés de l’état du monde qui ne survivent que sous antidépresseurs. Une bonne et revigorante lecture de ton blog, le matin à jeun, et c’est un comprimé d’optimisme à croquer à belles dents. La pluie, le vent fripon, le vent félon, et hier le blizzard, et le grizzli demain, ( oups ), rien ne vous détourne de votre chemin. Et quand » le vent se lève « , qui rend la route plus difficile, c’est votre superbe liberté qu’il souffle, dans ces paysages de premiers matins du monde. Oh, ce blog n’est pas une pub pour » la Française des Jeux « , non, c’est même tout le contraire. Il ne suffit pas de cocher ou de gratter pour être dans l’image, il faut avoir le courage d’aller au bout de ses rêves, comme vous le faîtes. Alors, oui, une lecture matinale de ton blog, voilà ce que je vais recommander à tous ceux qui rêvent d’un monde meilleur la télécommande greffée à la main. Bisous valeureux voyageurs.
Le vent qui souffle la liberté. C’est bien dit et cela reflète bien la situation 🙂
Effectivement les paysages changent et le temps vous semble favorable.bien rodés vous profiterez au maxi des paysages magnifiques rencontres merci encore , courage et bisous à tous les deux .Monette.
Merci à toi pour les encouragements.