Et la route à nouveau, et le désert encore,
Portés par l’impatience vers ce triangle d’or
Où les mots se raturent à dire ce que l’oeil voit
Improbable histoire d’eau qui laisse le coeur sans voix
Quand un chant de roches rouges s’élève à Bryce Canyon
Et trouve son plein écho aux falaises du Zion.
Au sud le Grand Canyon, infranchissable frontière
De ce triangle parfait où le gel brise la pierre,
Où le Colorado, piègé par un barrage,
Oublie le Lake Powel pour creuser son passage
Et court poursuivre son oeuvre dans le ventre d’un plateau
Dont ses eaux en colère usent le socle au marteau.
Le voyage trouve ici sa marque et sa limite
Quand le temps s’y dissout dans la mémoire confite
De ces gestes répétés par le corps ouvrier
A toujours mettre à jour l’étrange calendrier
De notre humble odyssée dans cet Ouest où des Dieux
Ont peut-être voulu dire qu’ici-bas c’est bien mieux.
Le voyage trouve ici sa raison et son sens
Quand au bout de l’effort, c’est comme une renaissance,
Quand au bout du chaos la montagne nous accouche,
Enchantés, éblouis par la grâce qui nous touche
D’un monde presque parfait, génie de natures mortes,
Mais tellement vivantes quand on en pousse la porte.
Le voyage trouve ici la force ivre de sa fin
Quand au bout de l’envie, d’un geste lent de la main,
On veut saisir l’instant, en garder le dessin,
Son esquisse maladroite, cette fraction de destin
Pour l’inscrire dans l’histoire de tous ces petits riens
Qui font le singulier des notes du musicien.
Et puis la route encore, et l’esprit vagabond,
Pour oublier l’asphalte, le muscle qui tourne en rond
Et la pensée en boucle, s’affranchit de ce corps,
Muet sous la corvée, esclave de son effort,
Il n’est plus dans l’arène à faire briller sa croix,
Il n’est plus que ces vers prononcés à haute voix.
Et quand de l’autre bout de la terre je reçois de ton voyage au long cours les vers romancés et partagés de ta minute, parmi tous les pourquoi qui se posent, il est un « parce que » qui trouve sa place: sortir du quotidien, s’extraire du confort envahissant du chez soi et là ça se bousculerait pas pour prendre ta place sauf que, bien souvent, j’aurais voyagé par procuration sans retenir mes guiboles de faire des folies de mon corps.
Comment va ta monture, ce vélo source de rencontres ? l’as-tu baptisé comme dans « le tao du vélo » de Julien Leblay ?
Bon vent à vous deux, randonneurs de l’aventure, continuez à me faire rêver.
Et à bientôt j’espère.
Gégé
Oui c’était agréable à lire
bon rétablissement
bon, ben bon rétablissement. Quand ton genou sera rétabli, il ne restera que d’excellents souvenirs de cette merveilleuse aventure tellement riche sur le plan humain.
Bise
Nathalie