Jour 61, 62 et 63 : Zion Park, Utah / Saint Georges, Utah / Las Vegas, Nevada

Nous voici donc à Zion, l’un des plus gros parc naturel des États Unis. Nous sommes reçus chez Ron et Cindy. Mon père loge dans la chambre d’amis et je suis installé dans la tente que j’ai monté dans leur jardin.
Ron est un ancien Ranger à la retraite et Cindy est la ranger en chef du parc. C’est en quelque sorte la directrice. Voilà encore une situation insolite : Nous séjournons dans l’un des parcs les plus réputés d’Amérique… Chez des Rangers ! C’est un peu comme être dans l’envers du décor, dans les coulisses.

Grâce à l’hospitalité de nos hôtes, nous prenons le temps de passer 1 journée complète dans Zion, à explorer ce sanctuaire de la nature sauvage. Nous passons également 2 soirées mémorables en leur compagnie et de ce fait, apprenons beaucoup sur le fonctionnement des parcs nationaux aux États Unis, sur la faune et la géologie… Nous faisons également la connaissance d’un autre Ranger, Andrew, en charge des missions de secours au sein du parc.

Ces derniers jours, bien que riches en aventures et en paysages incroyables, quelque chose nous manquait : les rencontres humaines. Je regrettais un peu la période du canal Erié, lorsque nous roulions toute la journée dans un décor agréable et rencontrions des personnes différentes chaque soir… Je suis content d’avoir renoué avec cette ambiance ici à Zion.

C’est dans cet état d’esprit positif que nous laissons Ron et Cindy afin de continuer notre chemin vers l’ouest. Notre prochaine étape est Saint George, avant d’arriver dans la mythique Las Vegas d’ici 3 jours.

La route vers Saint Georges se fait relativement rapidement. Il fait chaud et sec, la route est large et assez fréquentée. Une route comme nous en avons connus de nombreuses et qui ne présente que peu d’intérêt.
À Saint Georges nous passons la nuit dans un motel, une bonne nuit de sommeil est importante pour attaquer les plusieurs jours de route qui nous attendent d’ici Vegas.

Nous prenons la route tôt le matin suivant et à mesure que nous redescendons en altitude, l’air se réchauffe et la végétation se raréfie. Une matinée sur nos vélos comme celle-ci nous en avons déjà eu 50 au cours de ce voyage et rien ne nous préparait à ce qui va suivre.

L’accotement sur lequel nous roulons est, par endroit, recouvert de petits cailloux ce qui rend le sol glissant, surtout dans les courbes. Au niveau de l’une d’entre elles, la roue arrière du vélo de mon père dérape et il perd l’équilibre. Il est projeté sur le bord de la route, dans le fossé qui la longe. Un réflexe naturel de protection le fait tendre la jambe pour se réceptionner et ainsi éviter de se laisser tomber de toute sa masse dans le fossé. Le dénivelé de ce dernier n’étant pas négligeable, et le poids du vélo s’ajoutant à la chute, sa jambe n’encaisse pas le choc et le genoux se dévisse violemment. Mon père s’effondre, incapable de se relever.

Un cycliste qui passait dans l’autre direction est témoin de la scène. Il s’arrête immédiatement pour nous venir en aide. Notre téléphone portable n’ayant plus de crédit depuis le Canyon Bryce, notre samaritain se charge d’appeler une ambulance. En moins de 10 minutes elle nous rejoint. Mon père est alors transporté avec ses affaires à l’hôpital de Saint Georges.

De mon côté je fais demi tour, direction Saint Georges pour rejoindre l’hôpital. Après quelques heures d’attente et de discussions avec l’assurance de mon père, nous apprenons qu’il doit être transféré dans un hôpital de Las Vegas. La capitale du jeu étant à 2 jours de vélo, je fonce à la gare d’autobus pour prendre le premier bus à destination de Las Vegas.
Vers 22h00 j’arrive à l’hôtel que j’avais réservé à l’avance. Mon père est supposé être à l’hôpital et je dois attendre le lendemain pour avoir des nouvelles.

La nuit n’est, comme vous l’imaginez, pas très bonne. Je me réveille très tôt et erre dans les rues de Las Vegas en attendant de pouvoir obtenir des nouvelles.
Vers 14:00 je retourne à l’hôtel, il y a un message pour moi à la réception : mon père doit retourner en France pour se faire soigner. Sa blessure au genoux est très sérieuse, c’est la fin de notre voyage tous les 2.

Me voilà face à un terrible dilemme : rentrer avec mon père (son assurance est prête à me payer le billet pour rentrer avec lui), ou alors continuer les 2 dernières semaines de route qu’il nous reste pour arriver à SF. La route, mais seul, à travers le désert du Mojave et la vallée de la mort…
Suivre mon équipier et accepter notre destin où suivre le plan initial peut importe le coût.

Ce voyage était un voyage à 2. Je me retrouve maintenant seul. Que faire ? Accepter notre sort et se souvenir de ce que nous avons déjà accompli dans ce voyage inoubliable… Ou se concentrer uniquement sur ce que nous n’avons pas fait et le finir tout seul ?

Au cours d’une conversation un soir chez notre hôte de Moab, Rick, il m’a dit ces mots que je n’oublierai jamais : « la vrai liberté dans la vie, c’est d’arriver à se décentrer des choses ». Autrement dit, c’est de prendre des décisions par rapports à ce que l’on ressent vraiment au fond de soi. S’écouter plutôt que de céder à la pression de notre environnement, de la société ou de tout autre élément extérieur à notre personne. Cette question je me la pose : qu’ai-je réellement envie de faire au fond de moi ?

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Devant chez Cindy et Ron

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Cindy et Ron, les Rangers du Zion

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Andrew, un autre ranger

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Installation de la tente dans le jardin

 

 

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Petite route à travers le Zion

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Randonnée dans le canyon étroit du zion

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Une journée magnifique qu’il il ne faut pas éclipser par la fatlité qui nous a frappé

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Quand je vous disais qu’on allait finir par croiser des cowboys

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En route pour Vegas, sur 2 roues et … 2 jambes.

 

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Picnique sur le bord de la route

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Retour à la chaleur et l’aridité à mesure que l’on s’éloigne de Zion

12 réflexions sur “Jour 61, 62 et 63 : Zion Park, Utah / Saint Georges, Utah / Las Vegas, Nevada

  1. Cher Pierre,
    Une bien triste nouvelle… pour ton père, avant tout, et pour votre voyage…
    On ne peut pas avoir affronter tous les défis auxquels vous avez fait face sans que l’inévitable arrive malheureusement….
    Devant une telle situation, ce n’est plus le voyage qui compte, c’est son frère d’armes, comme on dit!
    Un jour, quand tu seras de retour au Québec, tu pourras compléter ton expédition… Ce n’est que partie remise…
    Un coup de chapeau à ton père ! ! !
    Si on peut vous aider, faites-nous signe!
    Donne-nous de tes nouvelles.

  2. Oh ! m……!
    Je suis tellement triste pour vous, pour votre belle aventure !!!
    Je ne sais que dire….
    J’imagine tellement les idées qui se bousculent dans vos têtes !…..
    Quelle quoi ta decision de continuer, ou de suivre ton père, ce sera une bonne decision.
    Louable dans les deux cas.
    Mais je comprends bien le dilemme….
    Si tu rentres, rien ne vous empêche de reprendre le voyage, là où vous l’avez laissé, dans un an ou deux….
    De toute façon, vous avez déjà realisé la plus grande partie de votre rêve, et c’est dejà memorable
    Bon courage Pierre
    Bon retablissement à ton papa
    Quelque soit la suite, merci pour tout !
    J’ai eu un reel plaisir à vous suivre
    Je vous embrasse
    Brigitte

    • Comme toujours, merci pour ce message touchant Brigitte.
      Nous avons réalisé plus qu’une partie de notre rêve. Ce que nous avons vécu est bien au delà de ce à quoi nous nous attendions.
      La fin (pour le moment) n’est pas ce que nous avions prévu… Mais après tout, depuis le début du voyage notre programme change quotidiennement ou presque 🙂

  3. Mince,quelle tuile…

    Quoi qu’il en soit ,cette aventure n’aura pas un goût d’inachevé.
    Comme tu l’as souvent répété , le chemin se trace au fur et à mesure.
    Et il a décidé lui même de s’arrêter ici .
    Et vous avez déjà vécu tellement de beaux moments…
    Si tu continues seul ,tu commenceras un autre voyage,différent,courageux mais ce sera un autre voyage.
    Et cet autre voyage tu peux le faire maintenant ou le faire plus tard avec ou sans Christian.
    Vous nous avez tous fait rêver ,donner envie.
    D’ailleurs ,dés que Christian sera sur pieds ,moi aussi ,j’ai l’intention de le faire pédaler en Europe et qu’il me fasse profiter de votre riche expérience.
    Merci pour le partage de votre formidable aventure.
    Pierre,quel que soit ton choix ,il sera forcément juste.
    Je vous embrasse très fort .
    Domi

  4. Pierre, j’ai lu avec émotion ce dernier compte-rendu. Je ne sais pas trop quoi ajouter, Domi a déjà tout dit. En tout cas, à travers cette aventure, j’ai fait la connaissance d’un jeune homme que la vie m’a peu donné l’occasion de rencontrer, et ce jeune homme, aujourd’hui m’est devenu familier et j’ai la conviction que c’est quelqu’un de bien… Le plus dur, c’est de prendre une décision, mais quand elle est prise, je rejoins Domi, c’est forcément la bonne.
    Je t’envoie, je vous envoie, plein d’ondes positives…
    Nathalie

  5. Bonjour Pierre, c’est guillaume d’Apremont.
    Bravo pour tout ce que tu as déjà accompli, ça donne vraiment envie de voyager !
    je n’ai pas fait la moitié du quart de ce que tu as fait, mais une chose est sûre : ce n’est que le début.
    Ce périple, c’est sans doute (et corrige moi si je me trompe) le commencement d’une multitude de projets dans le genre, le genre de voyages qui te fait dépasser tes limites, qui te fait faire des rencontres et surtout te remplis la tête de souvenirs plus inoubliables les uns que les autres…alors certes c’est dommage ce qui arrive mais voila, ce n’est que partie remise, et vous allez revenir plus tard, oui, mais plus forts !!

    On se voit au Fief Pierrot, à bientôt 😉

    • Merci Guigui, tes mots me touchent, ça fait plaisir.
      Oui on se voit à Apremont. Je viens d’arriver. On se fera des rides tous les 2 si tu veux. Même pourquoi pas sur plusieurs jours 🙂

  6. Mince, quel dommage ! J’espère que ton père a été pris en charge et va mieux…
    Quoi que tu choisisses tu peux être fier de toute cette route que tu as fait.
    Tout ce chemin parcouru avec ton père restera dans ta mémoire à vie, que tu continues ou non, et c’est ce qui compte. Bon courage pour la suite, je reste aux aguets ! Gros bisous de la famille.

  7. Merde, je me sens triste pour vous, Pierrot. Mais comme on dit, l’important, c’est pas la destination, c’est le trajet (c’est aussi le slogan d’Harley Davidson… enfoirés de publicitaires…). Je suis sûr que malgré ce mauvais coup du sort, vous en sortez enrichi à tous niveaux entre les paysages que vous avez pu croiser, les moments introspectifs que t’as du vivre et surtout les rencontres. J’espère que ton père va se remettre vite mais surtout, du mieux possible.
    La route LV-SF sera toujours là dans quelques mois/années, vous terminerez cette aventure en différé, peu importe.

    J’ai kiffé suivre tes aventures. Profite maintenant de tes vacances, de ton pays, de ta chérie, de son pays et j’espère te revoir vite.
    Je t’embrasse, poto.

    • Merci mon vieux ça fait plaisir. Oui comme tu dis : « la route pas la destination » 🙂
      On va profiter des plaisirs simples maintenant… Ou plutôt on va continuer de profiter des plaisirs simples, mais cette fois plus sur un vélo mais tranquille au pays, avec la chérie, la famille, la coupe du monde, le Tour de France…
      Bon je peux pas garantir que je ne remonterai pas en selle avant la fin de l’été. À peine 3 jours, j’ai déjà les cuisses qui me démangent. La belgique c’est pas très loin… 😉
      À plus mon ami, prend soin de toi et de ta famille.

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