Jour 57 et 58 : Page, Arizona / Cannonville, Utah

Lorsque l’on s’apprête à traverser le désert, la seule chose à laquelle on pense au réveil c’est : il faut que je remplisse mes gourdes ! Ce matin là, nous ne remplissons cependant pas toutes nos réserves car nous savons qu’à environ 60 km nous croiserons une petite ville dans laquelle nous pourrons faire le plein. Pour l’heure, autant rouler plus léger.

Cette première journée de désert commence plutôt bien. Nous redescendons du plateau du Grand Canyon (environ 2000 mètres) pour arriver dans la vallée désertique (environ 1000 mètre). La route commence par une belle pente douce d’environ 50 km. Sachant que le trajet du jour est de 90 km, sans se fatiguer nous en faisons plus de la moitié.

Comme je le mentionnais plus haut, nous devons croiser un village à environ 60 Km de notre point de départ. Il s’agit de Cameron, une commune située au cœur de la réserve Navajo, en plein milieu du désert.
Les kilomètres passent, rien en vue. Quelques maisons éparpillées ici et là, des maisons qui ressemblemt plus à des « mobiles home » et à des roulottes qu’à de véritables habitations. Pas de village, pas de panneau… le néant. Nous sommes maintenant pratiquement à 70 km parcourus, les réserves d’eau diminuent drastiquement et toujours rien à l’horizon. Le désert, toujours le désert, rien que le désert.

Nous dépassons désormais les 70 km et en plus de ne pas avoir croisé le fameux village amérindien, un terrible vent de côté chargé de poussière s’est levé. Ne vous êtes vous jamais demandé pourquoi les Cowboys dans les films avaient toujours un foulard autour du coup ? Je connais désormais la réponse : se protéger de la poussière.
Chaleur, vent, sable, accotement quasi inexistant, route interminable… Et surtout : l’équivalent de 3 gorgées d’eau chacun en guise de réserve. Si la fameuse « Cameron » n’est en fait qu’un mythe, notre destination finale, Page, est encore à 80 km. Impossible dans ces conditions.

Contrairement à Monument Valley où nous avons souhaité éviter de nous mettre en danger, aujourd’hui nous sommes réellement en danger. Que faire ? Le soleil et la chaleur n’aidant pas, nous commençons à manquer de lucidité et les esprits s’échauffent. Nous décidons d’abdiquer et de demander de l’aide à un automobiliste, comme à Monument Valley. Le désert est une fois de plus vainqueur par KO. Pour rester dans l’esprit coupe du monde : Le Désert « 2 », Wheelden « 0 » !

Le premier 4×4 qui passe s’arrête. Son conducteur a du lire la détresse dans nos yeux. Il se rend à Page et propose de nous déposer. Nous lui demandons au passage où était cette ville indienne fantôme. Les fameuses cabanes de bois éparpillées dont je parlais un peu plus tôt… Voilà ce qu’était Cameron en réalité ! Nous l’avions dépassé de plus de 15 km et il n’y aurait rien eu jusqu’à Page, à 80 Km au nord.
Nous n’aurons pas notre revanche sur le désert cette fois ci.

Après 1 grand litre d’eau descendu, un bon repas et surtout une sieste pour nous remettre de nos émotions, nous décidons de profiter du fait d’être à Page si tôt pour visiter le coin à fond : le lac Powell, le barrage du canyon Glen et surtout le Horseshoe Bend.
Le soir, nous campons dans le camping du parc national du lac Powell, épuisé par la tension de cette journée mais des images sublimes dans la tête qui rattrapent tout le reste.

110 km séparent le lac Powell du canyon Bryce, notre prochaine grosse destination. 110, mais par une piste qui coupe à travers les steppes du sud de l’Utah, le long du canyon de Cottonwood. Par la route normale il faudrait encore ajouter 100km.
Nouveau dilemme : passerons nous par une route fréquentée et entretenue mais qui rallonge de plus de 100 Km (soit une journée de plus), ou bien nous lancerons nous sur ce chemin de terre ou nous serions seuls au monde sur 60 km ?
220 par rapport à 110… Un joueur de poker prendrait ce risque, ce que nous décidons de faire aussi.

Nous voilà donc partis avec cette fois nos réserves de nourriture et d’eau au maximum. Au bout d’environ 10 km, nous quittons l’Arizona pour retrouver l’Utah. Très vite nous quittons la grande route pour nous lancer sur le fameux raccourci. A notre plus grand plaisir, la végétation change vite. On passe d’un paysage désertique à un paysage moins aride, plus vert, proche de la Toundra. Fini également les longues plaines sans relief, nous retrouverons les paysages de l’ouest que nous connaissons bien à travers les films : rochers, canyons, falaises…
Pour la petite histoire voici une liste de films (parmi d’autres) filmés dans l’Utah : Retour vers le futur 3, indiana Jones et la dernière Croisade, Wild Wild West, La Planète des Singes, Mission impossible 2, Transformers, Independance Day…

Cette petite route si isolée et même angoissante au premier abord s’avère être un vrai moment de plaisir comme nous n’en avions pas eu depuis longtemps : paysages fabuleux, aucune voiture, des sections ombragées et une température beaucoup plus supportable.

Les 60 km de piste se passent sans difficulté et nous redonnent confiance en nous. Nous arrivons dans le village de Cannonville en fin d’après midi où nous rencontrons John un fermier du coin. Nous discutons un peu et lui demandons s’il connait un endroit où nous pourrions camper. Il nous propose alors très gentiment une vieille grange désaffectée dont il ne se sert plus. Nous acceptons volontiers, d’autant que la grange est un abris que nous n’avions pas encore essayé au cours de ce voyage. Cette soirée dans la vieille bâtisse de bois termine une belle journée de vélo, une belle journée de voyage.

Au lever du jour nous prendrons la route pour le canyon Bryce. Nous devrions y être assez tôt et ainsi pouvoir en profiter plainement.

J’en profite pour saluer la commune d’Arc en Barrois en Haute Marne (52, où je suis né) qui a entendu parlé du blog et l’a relayé sur son compte Twitter officiel. Une pensée pour tous les Arcois et pour tout le 52, merci du soutien 🙂

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Le désert…

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Un sourire qui s’effacera bien vite

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Toujours le désert

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Quelque part aux abords de Page, à quelques mètres du Horseshoe Bend. Là le sourire est vraiment revenu

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Le Horseshoe Bend… Les plus grands paysagistes n’auraient pas fait mieux

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Une autre juste pour le plaisir

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Le lac Powell, lac artificiel créé par le barrage Glen

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Survivant du désert, devant le lac Powell

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Photo d’une prise de photo du Horseshoe Bend.

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Le barrage du canyon Glen

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La fameuse piste direction Bryce

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Pour ceux qui me posent tout le temps la question, je ne me raserai pas jusqu’à la fin !

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Le désert est bel et bien derrière nous, il y a même des cours d’eau

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Toujours la route

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Notre logis pour la nuit

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Un air de musique country s’en échappe

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Sur la terrasse

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« Tu vois Simba, ceci est notre royaume »

4 réflexions sur “Jour 57 et 58 : Page, Arizona / Cannonville, Utah

  1. « Après la pluie, le soleil! ». Maintenant on pourra dire : « Après le désert, la verdure! » Une autre aventure que tu pourras raconter à tes enfants autour du feu… et qui sait, un jour, tu pourras refaire ce voyage avec ton fils…

    • Oui tout à fait Yvon, cela pourrait résumer cet épisode : après le désert, la verdure !
      Pour le voyage avec mon fils, nous verrons cela… Probablement que la prochaine fois je suivrai en moto… Plus pratique pour traverser les déserts 🙂

  2. Cela me fait vraiment bizarre de vous imaginer sur ces routes que j’ai frequentées egalement……… mais motorisée 😝 !
    Cameron m’avait marquée egalement parce que nous souhaitions y trouver…… du carburant !
    En vain !
    J’en profite aussi pour saluer la Hte Marne. J’y suis née aussi 😉
    L’Utah est un bel etat. Profitez !

    • Aaah le fameux Cameron, enfin quelqu’un qui nous comprend 🙂
      Oui l’Utah est magnifique. Avec le Colorado, difficile de départager.
      Tu as du te régaler en moto. Je pense que ces coins sont encore plus appréciables en moto car on est plus mobile et on souffre beaucoup moins de la chaleur, c’est le compromis parfait.
      Bonne soirée et Vive la Haute Marne !

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