La minute de Christian

Et puis la route toujours, sous un soleil de plomb,

Au loin dansent des mirages sur l’asphalte qui fond,

Dans cet air immobile, saturé de chaleur,

Le corps est un outil qui creuse dans l’épaisseur

De ce mur invisible pour avancer encore,

Du sel au coin des lèvres et l’envie du Grand Nord.

Dans cet Arizona où des cactus géants

Silhouettes de chandeliers rêvent peut-être d’océans,

La terre est un lit rouge, c’est une tablette d’argile

Où repose la mémoire d’éternités fragiles

Quand le temps défait l’oeuvre tellement périssable

Du miracle immobile d’apothéoses de sable.

Dans ce pays étrange, fatale beauté du diable,

Tout semble suspendu, provisoire et friable,

La vie n’est pas un droit, elle n’est qu’une hypothèse,

le pari du vivant au coeur de cette fournaise

Que traversent quelques hommes, insolents pénitents

Bravant dans ce défi le sourire de Satan.

La route n’est plus qu’un trait et le geste semble las,

Le temps sans impatience, l’horizon ne bouge pas,

On maudit Kayenta, trop blanche sous la poussière,

Jusqu’à Tuba City, dortoir ou cimetière,

Et puis Flagstaff enfin, comme on sort de l’enfer

Pour voir au Grand Canyon les viscères de la terre.

Dans cette nature à vif où des forces obscures

Accouchent la matière brute d’un millefeuille de sels purs,

Il est de lentes terres rouges dont le fleuve incessant

Evide le sédiment en un canyon si grand

Que ses berges s’en ignorent, tout à flatter l’abyme

Que survolent des condors dans leur lenteur sublime.

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