La minute de Christian

De Montrose à Moab, pour entrer dans l’Utah,

Ambiance de déjà vu cent fois au cinéma,

Ridgeway et Placerville, Norwood, Naturita,

Des noms chiens de fusil, des noms qu’on n’oublie pas,

Dans cet Ouest improbable où les façades en bois

Commencent toujours l’histoire par  » il était une fois « .

Dans cette part d’Amérique où l’instinct nous dépasse

Portant toujours plus haut un rêve de grands espaces,

Il est d’étranges terres rouges aux vertiges innombrables,

De crevasses dans l’écorce, fractures interminables,

Balafres de ces canyons sur la croute de plateaux

Esqissant le chaos d’une peinture au couteau.

Dans ces états de l’Ouest où John Ford a inscrit

Cette part de notre enfance qu’on cachait sous nos lits,

Il est d’anciennes terres rouges que les pluies ne rouillent pas

Où le vent et le gel des hivers de l’Utah

Dessinent des pyramides et sculptent des monuments

A donner la mesure de la patience du temps.

Quitter enfin Moab, ses canyons et ses arches,

Les rapides de son fleuve, pour se remettre en marche,

Toute forme de paradis n’est jamais qu’une escale

Au Pays des sirènes, leur chant finit en râle,

Ulysse faillit tout perdre au poker des ailleurs

Cimetière des chimères d’un monde promis meilleur.

Le voyage est une quête, une prière et un songe

Vérité d’un instant sans trahir ses mensonges,

Le voyage est une danse, sans tempo ni cadence,

Le corps en mouvement, toujours en pénitence

Quand la montagne est là, qui nous barre l’horizon

Qu’il nous faudra franchir, au bout de la raison.

Et puis rouler encore, jusqu’à Monticello,

Oser la parenthèse d’un soir à Durango,

Ou d’une nuit à Fort Bluff, terre promise de Mormons

Qui lurent dans ce désert les vrais signes du fécond,

Et s’arrêter enfin, en Pays Navajo,

Voir Monument Valley, la terre dans son berceau.

Dans ce désert brûlé, sol sacré des Anciens,

Sur ces terres en calvaire, territoire de l’Indien,

Sur ces rocs tutélaires, bréviaire du sédiment,

On lit à ciel ouvert l’histoire d’un continent

Buvant pendant des lunes toute l’eau d’un océan

Dont il reste aujourd’hui des îles rongées de vent.

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2 réflexions sur “La minute de Christian

  1. Salut les aventuriers c est jamel nous nous sommes rencontrer a bluff dans le musée à ciel ouvert j’espère que vous allez bien et toujours bon pied bon œil moi de retour à la civilisation ???? Bonne route a vous deux et de merveilleuses rencontre a venir

    • Hey salut compadre, c’est cool de passer dire bonjour sur le site. Ça fait toujours plaisir.
      Merci pour les encouragements 🙂
      Bon retour à la maison.

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