Les quelques jours avant l’étape de Montrose et notre journée de repos chez Rod et Judy auront été particulièrement difficiles (plusieurs sommets à passer, grosse chaleur, mal de l’altitude…). Nous y avons laissé beaucoup d’énergie et le moment chez nos hôtes n’a pas suffit à recharger nos batteries.
C’est donc malheureusement encore très diminués que nous laissons Rod et Judy. Par ailleurs, nous avons été prévenu, la route qui nous attend pour les 3 prochains jours est TRÈS dure : plusieurs sommets à franchir, des villes de plus en plus éloignées et la dernière journée intégralement dans le désert avec un mercure toujours au dessus des 30 degrés et aucune ville sur 80 Km… Donc aucun moyen de faire le plein en eau !
Malgré le dénivelé, la première étape est agréable. Nous sommes en altitude dans un secteur assez pluvieux, donc très vert et pas très chaud, qui nous fait d’ailleurs fortement penser au Vermont. Nous avons du mal à concevoir que 2 jours plus tard nous sommes sensés être en plein désert.
Nous traversons de petits villages très rustiques qui semblent être restés en 1895 au niveau de l’architecture et du style des bâtiments. D’ailleurs on peut voir inscrit « saloon » sur l’enseigne des bars/restaurant. C’est l’immersion totale, les hommes portent des « stetson » et des bottes de cuir. Il ne manque plus que les chevaux et les revolvers sur la ceinture.
Nous passons la nuit dans le jardin publique d’un petit village perdu au milieu des montagnes. La nuit est fraîche et il pleut de 23:00 jusqu’à l’aube. Et dire que l’on nous a mis en garde à propos de la sécheresse et du manque d’eau. Jusque-là il nous suffit de pencher la tête et d’ouvrir la bouche.
D’un point de vue physique, ce n’est pas la grosse forme, la fatigue accumulée des derniers jours se manifeste par un sentiment de faiblesse générale, des difficultés à bien respirer et des crampes d’estomac. Vivement l’arrivée à Moab où nous prendrons le temps de nous remettre en forme.
Au levé de ce deuxième jour dans le coin le plus reculé du Colorado nous avons froid et nos affaires sont trempées. Nous décollons vers 8:00 et passons encore la matinée à pédaler dans un décor montagneux « Vermontesque ». À midi nous sommes dans le petit village de Norwood. Nous y prenons un café et un léger repas. Les locaux nous conseillent de faire le plein en eau car environ 5 Km plus loin nous allons descendre dans la vallée et le décor va radicalement changer : le désert et la chaleur nous y attendent.
Suivant les conseils de notre ami Rod de Montrose et des gens de Norwood nous faisons le plein d’eau.
1h30 plus tard nous arrivons à Naturita, à 120 Km de Moab, le paysage est effectivement méconnaissable par rapport au matin. Nous sommes maintenant en plein western spaghetti de Sergio Leone et le soleil donne la sensation de déverser du plomb en fusion sur nos épaules.
Naturita est la dernière ville que nous croiserons avant Moab et donc dernière chance de recharger nos réserves d’eau. Nous achetons même des bouteilles supplémentaires, ce qui augmente considérablement le poids de nos montures déjà bien chargées. Entre faire travailler un peu plus nos cuisses et mourir de déshydrations en plein désert, le choix est vite fait.
Avant de nous élancer à nouveau à travers le désert, nous faisons la rencontre de Shaun, un jeune cycliste qui parcoure l’ouest à vélo et qui arrive de Moab. La rencontre de Shaun nous met la peur au ventre. Shaun est couvert de coups de soleil et de boursouflures sur les bras. Le désert ne l’a pas épargné et il est l’illustration parfaite de ce que peut engendrer une exposition prolongée au soleil.
La moitié de nos tubes de crème solaire y passe, je décide même de rouler avec des manches longues.
Avant d’arriver à Moab il nous faut passer un dernier sommet que nous approchons le plus possible afin de pouvoir commencer par l’ascension le lendemain matin quand le soleil n’est pas encore trop agressif. Nous trouvons un petit terrain de camping public sur la route. Il dispose de cabanes en bois rustiques, elles sont vides et très rudimentaires mais c’est un abris parfait pour la nuit, de plus c’est gratuit. Il y a même des sanitaires de fortunes (un trou dans le sable). Par contre : pas d’eau courante, nos réserves devront tenir encore une journée, ce qui est très faisable à la vue de ce qu’il nous reste.
Des les premières lueurs du jour nous repartons. Il faut impérativement passer le col avant que le soleil ne deviennent trop intense. À 10:00, nous sommes au sommet et entrons au passage dans l’Utah, le timing est parfait. Moab n’est désormais plus qu’à 50 Km, dont 20 de pure descente.
2h30 plus tard, sous un soleil digne des plus grosses canicules du Nord Est américain et de France, nous arrivons à Moab, capitale des sports d’extérieur de l’ouest américain et selon certains : la « Mecque » du vélo de montagne.
Ainsi se termine nos 2 semaines passées dans le Colorado. Des rencontres inoubliables, des paysages à couper le souffle, des variations de décor et de climat quotidiennes, de la fatigue, de la sueur, des rires, de la douleur, des doutes, de l’espoir… Une expérience humaine entière et marquante pour la vie.
En arrivant dans l’Utah et plus particulièrement la touristique Moab, on entend parler toutes les langues (y compris le français), on voit des plaques d’immatriculation de partout aux États Unis et étrangement lorsque j’aperçois une plaque du Colorado, je repense à ces 2 semaines passées là bas. J’ai l’étrange impression qu’une partie de moi y est restée. Tout comme une partie de moi est encore sur le Canal Erié ou dans les Adirondacks. C’est là encore la conséquence d’un tel voyage, on ne fait pas que traverser des endroits, on s’en imprègne à tout jamais.
Still following your amazing trip !!
hope it is not too much hard for both of you !! Enjoy, you make us dream about no border in life !! no limits !!
Courage !!
C’est Ce genre de message qui fait oublier les douleurs physique et tout le reste. Merci.
tester ses propres limites, douter encore et toujours, mais au bout du compte quelle merveilleuse aventure, vous en ressortirez tellement enrichis, avec une connaissance tellement plus approfondie de vous mêmes… Merci encore de nous faire partager cette merveilleuse aventure et respect!
Oh oui, enrichis et changé même. Tellement d’expériences incroyables. Ça bouleverse notre façon de penser et nos certitudes.
Aller au bout de soi-même… toucher ses limites… et puis repartir, satisfait, grandi par ces défis !
Merci de nous faire partager votre périple… On pense à vous 🙂
Je vous attend toujours Yvon, je pensais qu’avec les dernières séries de photo j’allais voir apparaître votre auto derrière nous pour nous suivre 🙂
Merci pour les commentaires toujours bienvenus et encourageant
L’endroit de ouf. Ça devait être un GROS kif de voir ça. Juste domage que t’aies pas pris de locaux en photo. J’aurais bien voulu voir les dégaines des gens de là-bas. De quoi faire rougir Dick Rivers.
Haha j’osais pas trop. Les mec ont pas des physiques à la Yann Bartez.
Mais bon promis, j’essayerai. D’ici la fin, j’en posterai. Dans 2 jours on descend vers le sud, direction Arizona et une réserve Navajo. Il devrait y avoir matière à trouver des vrai dégaines.
Je me regale à vous lire !
Le Colorado est magnifique !
Mais l’Utah est le plus riche en beauté des paysages. L’etat qui m’a le plus marquée….
Et ces vieux villages qui nous rappellent tellement ce Far West qui nous fait rêver au cinema !…. j’adore !
Merci pour les photos !
J’attends la suite avec impatience….
Merci pour les commentaires Brigitte, toujours un plaisir de les lire.
Oui en effet les 2 derniers jours à Moab ont été incroyable niveau paysages. Je vais tacher de vite poster ça. Je comprend définitivement pourquoi tu aimes tant ce coin… Et en moto… J’imagine même pas ! Pourquoi pas un prochain trip : « l’Amérique en Moto » que tu nous ferais vivre 🙂