À notre réveil près des chutes, il tombe des cordes, il y a un violent orage. Buffalo n’est qu’à 40 Km mais dans ces conditions ça risque d’être un calvaire. Miracle, les dieux du vélo nous font une fleur : à 10h du matin la pluie cesse et en quelques minutes le ciel bleu et le soleil sont de retour. En moins de 3h en longeant la rivière Niagara nous arrivons à Buffalo, 2ème véritable grande ville sur notre route depuis Boston. Ce n’est pas une ville réputée pour être une destination touristique mais c’est pour nous une sorte de « check point », le temps de faire un premier bilan.
Lorsque vous êtes français et que vous séjournez aux États Unis comme touriste, vous obtenez un petit papier vert agrafé à votre passeport qui vous autorise à rester 3 mois maximum sur le territoire. Il se trouve que par chance, lors de notre passage à la douane, les douaniers ont (par erreur ou volontairement ?) rajouté quelques jours de plus sur ce fameux document vert. Toujours est-il qu’au moment où j’écris ces lignes il nous reste 66 jours et cela va peser dans les décisions à venir.
Sur les 6400 Km à pédaler pour traverser les États Unis par la route que nous avions choisie, nous en avons parcouru environ 1500, soit un peut mois du quart. Il nous reste donc 66 jours et près de 4500 Km à parcourir. Le bilan est sans appel : nous avons beaucoup de retard ! Il faut croire que la manière de voyager à la « Gauloise » (cafés, bières, rencontres, journées de repos…) n’est pas la plus efficace niveau pédalage.
Cela semble maintenant clair, pédaler chaque centimètre qui nous sépare de l’océan pacifique est pratiquement infaisable dans le temps qui nous est imparti. Il faudrait se transformer en « Nils le Viking » (cf. les premières journées du voyage), enchaîner les journée à 100 Km, ne jamais s´autoriser de journée de repos et couper dans les pauses cafés et la bière…
Sommes nous capable d’une telle performance physique ? Mon genou qui fait régulièrement des siennes en est-il capable ? Enfin, en avons nous tout simplement envie ? Devons nous devenir esclaves de notre propre projet et s’infliger cela ?
La réponse à ces questions est définitivement « non ». Le but de ce voyage était avant tout de profiter d’un moment pour soi, de vivre une expérience différente : voyager à vélo, sans contraintes ni stress, voir les États Unis et les américains autrement. Comme je l’avais mentionné dans les pages d’introduction, la destination est un prétexte, ce qui compte c’est le chemin. Il n’y a pas de contrat, pas d’objectif précis, pas de complétion à remporter… La seule contrainte que nous avons c’est d’être à San Francisco à la fin juillet. En dehors de cela, nous pouvons nous accorder la liberté d’adapter et de modifier ce voyage en temps réel. C’est aussi ça la magie d’une telle aventure.
Si nous voulons arriver au bout des 4500 Km qui nous séparent de la côte californienne, nous devons nous ajuster. Après avoir beaucoup discuté avec les cyclistes que nous avons rencontré, la région entre Buffalo et Chicago semble être très monotone : ce sont des enchaînements de lotissements, de champs et de friches industrielles. C’est cette région particulièrement touchée par la crise que l’on appelle « rust belt » (la région de la rouille). Aussi, rouler plusieurs centaines de Km dans un coin peu attractif ne nous a pas semblé très intéressant. Première adaptation donc : nous décidons de prendre un bus à Buffalo pour nous rendre directement à Chicago, où nous passerons quelques jours pour visiter la ville et « rider » le bord du lac Michigan.
Second ajustement: nous éviteront la région du Midwest au sud de Chicago et prendrons à nouveau un bus pour nous remettre sur le chemin, direction plein ouest.
Ces 2 changements de programme nous permettrons d’économiser plus de 2000 Km de régions peu propices au cyclo-tourisme, 2000 Km que nous réinvestiront dans l’ouest sauvage. Il y avait de nombreux endroits mythiques dans l’ouest que nous ne pouvions pas faire en raison du trop grand détour que cela aurait entraîné. Avec cette « économie » de Km, nous pouvons finalement faire ces détours : le grand canyon et l’Arizona, Canyon land, Arches land, Monument Valley, Bryce Canyon, Moab, Lake Powell… Autant de noms qui me faisaient rêver mais que malheureusement nous n’aurions pas pu découvrir au cours de ce voyage s’il en était resté à sa version de départ. C’est désormais au programme, et à vélo !
En résumé, nous pensions que 3 mois seraient suffisant pour traverser les États Unis d’est en ouest en pédalant chaque kilomètre. Beaucoup de gens y parviennent, en moins de trois mois même. Manifestement nous ne sommes pas dans la même catégorie, nous aurions eu besoin de 5 mois.
Par conséquent, les 66 jours qu’il nous reste à « rider », nous les ferons dans ce qui se fait de plus beau et de plus sauvage. Nous ferons moins de Km sur nos vélos que ce que l’idée de départ voulait, mais par contre nous en feront de meilleurs… Et malgré tout, à la fin du voyage les États Unis auront été traversées dont 4500 km parcourus à la force de nos jambes 🙂
Le premier quart de ce voyage s’achève ainsi, la chapitre du Nord est américain est clos, à nous Chicago, les plaines du Midwest et surtout le grand ouest sauvage.
Prochain rendez-vous : Chicago et les rives du Michigan.
Pas de scrupules à avoir. Vous avez tout à fait raison. Ce qui compte c’est le plaisir du voyage, la decouverte; et franchement, les parcs de l’Ouest que tu as cités, méritent largement une entorse au programme.
Cela aurait été dommage de les manquer; même pas un !
Ils sont tous magnifiques !
Bonne balades !
Merci Brigitte 🙂
grand canyon, Bryce canyon, lac Powell, autant d’endroits que j’ai découverts en 2001 et dont je garde un merveilleux souvenir… Oui, vous avez fait le bon choix. 🙂
Oui nous le pensons. Et de toute manière, la contrainte de temps ne nous a pas donné beaucoup de choix.
Salut les Vagabonds des étoiles !
Nous suivons votre belle aventure en nous évadant de notre quotidien-camisole.
Bonne route donc vers Chicago.
En attendant de vous voir rider le grand ouest sauvage,
Amicalement
Hehe Merci pour les encouragements, ça motive toujours 🙂
Je suis d’accord également que le premier but est de prendre contact avec les gens, de découvrir de nouveaux espaces, de goûter le plaisir de prendre le temps de vivre avant le retour à la réalité : metro, boulot, dodo. Le vélo, c’est le prétexte… Il faut se laisser porter par l’aventure…
Exactement, je n’aurais pas pu mieux dire 🙂