Jour 13, 14 et 15 : Ticonderoga, NY / Newcomb, NY / Old Forge, NY

Après une soirée confortablement installé dans le motel à regarder coup sur coup : Gladiator et Le Dernier des Samouraïs à la télé, nous revoilà gonflé à bloc, près à partir à l’assaut des Adirondacks. Nous prenons le petit déjeuner dans le motel et en profitons au passage pour se remplir les poches de snacks. 1h plus tard, nous sommes sur la route.

On se rend très vite compte que la saison estivale n’est pas commencée dans la région, tout ce que nous croisons sur la route est fermé. Pas une boutique ouverte, pas un terrain de camping ouvert, rien… Seulement des lacs, la forêt et la montagne. Sans parler du passage des voitures : peut être 3 par heure. Nous sommes dans ce qu’il se fait de plus sauvage aux États Unis, ou presque.
Le soleil apparaît en fin de matinée et nous flirtons même avec les 20 degrés, pas de vent, une journée idéale pour pédaler.

Vers 16h00, nous nous rendons à l’évidence: pas de motel pour cette nuit, cette fois nous n’y échapperons pas, il va falloir camper dans la forêt. On découvre un petit passage sur le bord de la route, il mène à une clairière juste au dessus d’une immense cascade. La vue est imprenable, nous sommes à l’écart de la route, l’endroit semble parfait. Sans attendre nous nous répartissons les tâches : un s’occupe du feu, l’autre de la tente. En 15 minutes le feu nous réchauffe déjà les mollets et notre demeure pour la nuit est prête.

Nous profitons qu’il soit encore tôt pour faire des photos le long de la rivière, juste avant d’avaler un sandwich composé de ce que nous avions acheté la veille. Une fois terminé, tout emballage qui traine est mis dans le feu et la nourriture qu’il nous reste est bien enfermée dans un sas poubelle que nous allons suspendre à l’écart du campement. Nous avons plusieurs fois été mis en garde : il faut être vigilant et faire en sorte de ne pas attirer les ours (cette région pullule d’ours noirs !).

La nuit tombe vite dans les bois et cette fois, pas de Ridley Scott pour nous divertir, on ne tarde pas à se replier sous la tente.
Lorsque l’on campe en montagne en tout début de saison, inutile de préciser que la nuit est très fraîche et avec mon sac de couchage d’été, j’ai fini par à peu près enfiler tous les vêtements que j’avais. À 5:30, aux premières lueurs du jour j’étais debout en train de rallumer le feu pour tenter de me réchauffer.

L’avantage lorsqu’on passe la nuit dehors c’est que l’on ne traine pas au lit ou devant la télé. A peine 1h après s’être levé, nous somme déjà sur la route. L’angoisse nous gagne assez rapidement car la journée commence par une belle ascension d’environ 10 Km, ce qui nous contraint à boire et donc vider un peu plus nos réserves d’eau potables (3 gourdes de 700ml chacun) que nous avions rempli pour la dernière fois la veille au motel. Au sommet de la côté, il ne nous restait qu’une gourde d’eau chacun. Nous savions qu’il y avait un village à environ 20 Km, nous devions agir : soit par miracle il y aurait un magasin ouvert et nous pourrions refaire le plein d’eau, soit nous irions en réclamer dans une maison.

Nous arrivons (déjà bien fatigué par la fameuse grimpée de 10km) au petit village de Newcomb vers midi. C’est alors que, non pas un, mais 2 miracles se produisent :
Tout d’abord, il y a une petite épicerie d’ouverte dans laquelle nous prenons un sandwich, un café et où nous remplissons nos gourdes d’eau.
Le second se produit lorsque nous sortons de l’épicerie : nous croisons un monsieur d’environ 70 ans, que nous saluons. Il s’arrête et nous salue chaleureusement à son tour. Nous discutons un moment et lui racontons un peu les 10 premiers jours de notre périple. Le charmant monsieur nous propose alors de nous héberger pour la nuit afin que nous nous réchauffions et que nous reprenions des forces avant de poursuivre la route à travers cette régions si sauvage. Nous acceptons volontiers et nous rendons chez lui.

Notre hôte se nomme Peter, c’est en réalité le prêtre catholique du village. Il vit dans une maison juste à côté de son église. La gentillesse et la bienveillance du père à notre égard est difficilement descriptible avec des mots. Il nous offres à manger, nous prépare une chambre et décide même de nous emmener en voiture, faire le tour du village et des environs en nous expliquant l’histoire et les anecdotes de la commune… C’est simple, nous faisons véritablement un tour guidé de la région.
Nous revenons à la maison du père Peter un peu avant 16h00 car il a une messe à célébrer. Étant de confession catholique (bien que piètre pratiquant) je décide de me rendre à cette messe. Cela ne me fera pas de mal et j’ai pensé que le père apprécierait. Lors de son sermon, père Peter s’est même permis un petit clin d’œil à notre égard : « seigneur, béni tous ceux qui ce soir connaissent le chagrin, la maladie , la souffrance… Et protège ceux qui conduisent un vélo à travers le pays… » Pas sur que les fidèles de la paroisse aient bien compris pourquoi le père parlait de vélo 🙂

Une fois la messe terminée, nous partons manger tous les 3 dans le restaurant préféré du père Peter avant de revenir à la maison et boire une bière en écoutant les souvenirs d’ancien officier de marine de notre nouvel ami.
Une soirée parfaite en compagnie d’une personne hors du commun. Encore une rencontre inattendue et tellement enrichissante. Ce qui m’amène à beaucoup réfléchir le soir dans mon lit : en 1 semaine nous avons fait tellement de rencontres, finalement le vrai bonheur de ce voyage, n’est ce pas cela ? Au delà des beaux paysage et du plaisir de pédaler à travers les lacs et les forêts, ne serait-ce pas plutôt toutes ces rencontres inattendues le véritable intérêt d’une telle aventure ? … Cette réflexion ajoutée à la journée de vélo et la nuit dehors ne tardent pas à me plonger dans un profond sommeil.

7:30, mon réveil sonne, la route est très longue aujourd’hui, notre objectif : en finir avec les Adirondacks et revenir dans des contrées moins sauvages, où l’on ne risque pas de mourir déshydraté ou d’être attaqué par des ours bruns.
Après un bon petit déjeuné en compagnie du père Peter, il est temps de partir. Nous le remercions chaleureusement et en profitons pour faire une dernière photo avec lui, devant son église.
La route du jour ressemble assez à ce que nous avons connu ces derniers jours : forêts, montagnes, lacs, rivière… Pluie intermittente et éclaircies par moment. Après une bonne journée de ride et un arrêt dans un pub (miraculeusement ouvert) d’un petit village, pour manger, nous arrivons à Old Forge, la dernière ville des fameux Adirondacks et par conséquent le symbole du retour à la « civilisation ».

Nous décidons à notre arrivée à Old Forge de continuer sur notre « vague religieuse » et allons demander á l’église du coin s’il est possible d’avoir un abri (même un simple garage) pour la nuit. Nous leur expliquons notre projet de voyage à vélo et c’est bien volontier que le père McCoy nous ouvre les portes du sous sol de l’église dans lequel il y a un lit et une salle de bain. Encore une situation très improbable et inédite. Je remarque d’ailleurs que dans ce genre d’aventure sur le long cour, progressivement un certain nombre de verrous moraux se brisent : si l’on m’avait demandé il y a 2 semaines en arrivant à Cape Cod, si je souhaitais dormir dans le sous sol d’une église, j’aurais certainement avancé la date de mon billet d’avion de retour. Pourtant, nous y voici, nous nous adaptons, nous improvisons, nous restons humble et apprenons à apprécier les choses simples.

Une autre journée terminée, beaucoup de chemin parcouru depuis le Massachussets, mais si peu par rapport à ce qu’il reste.

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Belle journée et superbe paysage pour attaquer les Adirondacks

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Petite pause ensoleillée

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« Un Pont trop loin »

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Une tente, un feu… Manquerait juste une bière fraîche

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Protection des vélos pour la nuit

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Les rapides à quelques mètres du campement

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… Et la fameuse bière qu’il nous manquait 🙂

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Dans mon fauteuil devant la TV

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Santé

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Vue depuis la tente

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La fameuse épicerie miraculeusement ouverte

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Le père Peter nous faisant découvrir les environs

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Un coin que nous fait découvrir père Peter

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Sigourney Weaver (Alien) a une maison sur ce lac

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Selfie des bois…

 

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L’Hudson… Si on suit le courant on arrive à NYC

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Merci père Peter pour l’hospitalité, dieu vous garde

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Le Lac Raquette

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Pause burger et café à Lac Raquette… Si vous penchez bien l’oreille vous pouvez entendre la musique Country sortir du juke box

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Conduite sous la pluie

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Nature sauvage

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Encore et toujours des lacs

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Rien que la nature des dizaines de km à la ronde

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Dernière combinaison bière / burger pour la soirée (elle n’est pas volée !)

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Le sous sol de l’église, notre refuge pour la nuit

6 réflexions sur “Jour 13, 14 et 15 : Ticonderoga, NY / Newcomb, NY / Old Forge, NY

  1. Un vrai « into the wild » cet article. j’ai beaucoup apprécié ta réflexion sur le réel but du voyage, limite une larmichette en te lisant. Vraiment heureux pour vous Mac, ca me donne envie de vous rejoindre! Bref continue avec tes articles ca me permet de m’évader un peu…Je suis dans le sud du Maroc en ce moment dans une ancienne bergerie rénovée, personne aux alentours mis à part des « vrais gens » avec leur confort modeste et toute leur générosité…De vrais trésors sur Terre…Ca fait réfléchir sur la vie que l’on mène en Europe tous les jours, la propriété au lieu du partage. Tu vois moi aussi je suis un peu avec toi en ce moment, les réflexions fusent mais c’est ce qui nous élève un peu plus… Bon vent Amigo!

    • Merci mon ami. Oui c’est exactement ça. Cela fait beaucoup reflechir. Tu parlais de larmichette, pareil, en partant de chez le père l’autre jour je l’avais quasiment. Autant de générosité sans rien demander en retour… Hâte de débattre de toute ces choses un soir d’été prochainement avec toi. Pour le moment, bon kif au Maroc, profite bien aussi. Merci encore pour les messages de soutien.

  2. Wow de belles photos et de beaux paysages…
    Dans mes voyages…. dans certains pays isolés…quand j’avais le mal du pays ou que je cherchais un peu de civilisation, j’étais heureux de trouver un McDonald!!! Dans votre cas, si je comprends, c’est dans les églises que vous trouvez un peu de civilisation… et bien là, vous aurez du choix aux Etats-Unis… Alléluia!!!

    • Hahaha… Ces derniers temps nous aussi étions content de croiser un McDonald. Mais pour dormir, hmmm je ne suis pas sur que les cuisines ou le sous sol du McDo soient très confortables 😉

    • Bonjour à vous deux…
      Plus sérieusement… je suis heureux que vous puissiez vivre ces belles rencontres… N’est-ce pas le but ultime du voyage… Car au-delà des paysages, connaître et échanger avec les gens qui y vivent permet de tirer le meilleur de cette aventure. Ce sont les vrais US… bien différents des clichés et de ce les médias ne présentent. Bonne route!!!

      • Tout à fait. Je me faisais justement la même remarque. C’est vraiment les rencontres qui marquent ce voyage.

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